Tous les gens qui écrivent le savent : les vacances, c’est fait pour travailler.
Travailler l’écriture, s’entend.
Pour qui en aurait ras la cafetière d’allonger des 500-mots-par-jour sans jamais en voir la fin comme un petit cheval dans le mauvais temps («qu’il avait donc du courage!»), voici quelques exercices d’écriture suggérés par Pline le Jeune.
Mais d’abord : qui est Pline le Jeune ?
Neveu de Pline l’Ancien (célèbre homme de lettres romain), Pline le Jeune naquit vers 61/62 après J.-C à Novum Comum, en Cisalpine (c’est l’actuelle Côme, célèbre pour son lac et son George Clooney ; on peut s’y rendre en moins d’une heure par le train depuis la gare de Milan-Centrale – ceci précisé à tout hasard pour ceux qui, ayant lu ces premières lignes, auraient des envies de prendre leurs jambes à leur cou).
Pour les rares qui insistent, revenons à Pline le Jeune.
De cet auteur latin ne nous est parvenue que la correspondance – une correspondance abondante traitant de sujets fort nombreux, dont celui qui nous ravit entre tous et éclaire nos cœurs : l’écriture.
On y trouve ainsi quelques exercices permettant d’affuter sa plume. Les voici :
Primo, traduire. Pour les lettrés romains du 1ersiècle, il s’agissait de traduire du grec en latin : Par là vous acquérez la justesse et la beauté de l’expression, la richesse des figures, l’abondance des développements, et dans cette imitation des auteurs les plus excellents, vous puisez le talent d’écrire comme eux – explique Pline.
(On peut donc traduire n’importe quel écrivain étranger, cela dit j’ai voulu tenter une magouille de mon cru : sur la version anglophone de Wikisource, j’ai trouvé une traduction d’Eugénie Grandet dans la langue des Spice Girls. Pardon ! je voulais dire : la langue de Shakespeare. Bref, on peut très bien partir d’un roman français déjà traduit vers l’anglais pour en traduire à son tour un passage en français et comparer le résultat avec le texte d’origine – choisir Eugénie Grandet, c’était jeter le gant à Balzac lui-même. Que d’émotions ! Et d’humilité repentante, après coup.)
Trêve de parenthèses, voici le deuxième exercice suggéré par Pline le Jeune :
Choisir un texte dont on mémorisera le sujet, et se mesurer ensuite à l’auteur en écrivant à son tour sur ce même sujet. Veiller à comparer le résultat. Quelle joie d’apercevoir qu’on a eu quelquefois l’avantage!, précise notre bon professeur Pline. Quelle confusion, si l’on est toujours demeuré au-dessous! – n’omet-il point d’ajouter.
Un troisième exercice, variante du précédent, consiste à se pencher cette fois sur une page de littérature célèbre, en se donnant pour mission d’égaler l’auteur sur son propre terrain.
Pline le Jeune conseille aussi de retravailler des textes ou encore, de varier les difficultés d’écriture en variant les genres – notamment en rédigeant un paragraphe d’histoire, une lettre ou des vers.
Pour finir, il insiste beaucoup sur un point : la lecture. Il recommande de choisir ses lectures avec soin ; de lire peu – mais uniquement les meilleures oeuvres, et de les relire souvent.
Le texte intégral de sa lettre (Livre 7, lettre IX : Pline à Fuscus) est disponible ici : https://www.roma-quadrata.com/plinelettres.html#Livre7
Et pour ne pas me donner l’air d’avoir lu toute la correspondance de Pline le Jeune dans le seul et unique dessein de déterrer pour vous ce vrai petit trésor, voici un autre trésor d’ouvrage qui réunit les lettres ayant trait de près ou de loin à l’écriture, traduites et préfacées par Nicolas Waquet :
https://www.laprocure.com/art-ecrire-pline-jeune/9782743640682.html
Bonnes vacances ? Certainement pas, vous rêvez. Bonne écriture !